En écho à l’exposition «Les Méta-machines» de François Klein au Musée Départemental d’Art Ancien et Contemporain – Epinal, du 15 septembre au 20 décembre 2018, La Lune en Parachute invite François Klein et dix artistes du territoire Grand Est à proposer leurs visions singulières et insolites des cabinets de curiosité, hommage au siècle des lumières. Bizarreries, poésie, merveilleux, les artistes interrogent à travers leurs oeuvres l’étrangeté du monde et de la nature par l’hybridation, la collection, l’accumulation, le détournement, …
« Echelles dressées, maisons perchées…, tout est ici prétexte à lever les yeux, et à se projeter au loin – d’ici-bas jusque là-bas –, ou plutôt là-haut, de l’autre côté du miroir, aux ultimes degrés de l’échelle de Jacob, ou au bout de la rame d’un Jack’ Magic Bean… De là-haut, les choses se voient à vol d’oiseaux, et vos maisons vous paraîtront comme des abris étranges et frêles, ces nichoirs secrets, étrangement familiers… Les œuvres de François Klein nous rappellent ainsi qu’une des tâches essentielles de l’artiste est de se faire passeur. L’artiste est en effet celui qui peut nous conduire d’un lieu, d’une rive,… à l’autre. Celui-ci est l’homme des bois qui connaît les secrètes sentes de traverse (Holtzege), les bornes frontières oubliées, au-delà desquelles nous seront conduits ailleurs. Loin des autoroutes de l’information et des lourdes fictions médiatiques d’aujourd’hui, François Klein nous convie à quelques mystérieuses parties de campagne sans artifice inutile ou trop artificiel. Ses objets sont des « artefacts naturels », de l’arte povera écologique, ou du minimalisme archaïque… Son talent tient précisément à cette capacité d’aller au plus simple, d’œuvrer dans l’élémentaire, le presque rien, et d’en tirer les effets les plus spectaculaires. Faisant « feu de tout bois », il privilégie les ressources de son environnement immédiat, les réserves de sa forêt, les matériaux d’usage courant, les objets de rencontre, les choses délaissées. De ce peu des choses et ces choses de peu, il refait tout un monde, son monde… Ce monde est fait de rapports de liens, de rapprochements inattendus, et en ce sens, ces pièces retiennent déjà notre attention par l’inventivité et la virtuosité de leurs assemblages : nœuds, chevilles, tenons mortaises… De ce savoir-faire, il ressort l’ordonnance de ces différentes compositions qui séduisent le regard et dont la pertinence plastique ne cède en rien à la pertinence technologique. Mais plus encore, ces appariements tirent leur efficacité de la justesse ou de l’évidence implicite de leurs rapports. Il nous semble alors que ces œuvres « tiennent », et « fonctionnent » par l’intuition que nous avons de leur « pouvoir ». De ce fait, il n’est peut-être pas un sculpteur au sens classique du terme, et il faudrait lui inventer un autre titre plus en accord avec la saveur bucolique des mystères qu’il engendre… Quelque chose entre artiste et artisan, sorcier et sourcier. Quelque chose comme « facteur de fétiches » peut-être… ». Michel Demange
En écho à l’exposition «Les Méta-machines» de François Klein au Musée Départemental d’Art Ancien et Contemporain - Epinal, du 15 septembre au 20 décembre 2018, La Lune en Parachute invite François Klein et dix artistes du territoire Grand Est à proposer leurs visions singulières et insolites des cabinets de curiosité, hommage au siècle des lumières. Bizarreries, poésie, merveilleux, les artistes interrogent à travers leurs oeuvres l’étrangeté du monde et de la nature par l’hybridation, la collection, l’accumulation, le détournement, ...
« Echelles dressées, maisons perchées..., tout est ici prétexte à lever les yeux, et à se projeter au loin – d’ici-bas jusque là-bas –, ou plutôt là-haut, de l’autre côté du miroir, aux ultimes degrés de l’échelle de Jacob, ou au bout de la rame d’un Jack’ Magic Bean... De là-haut, les choses se voient à vol d’oiseaux, et vos maisons vous paraîtront comme des abris étranges et frêles, ces nichoirs secrets, étrangement familiers... Les œuvres de François Klein nous rappellent ainsi qu’une des tâches essentielles de l’artiste est de se faire passeur. L’artiste est en effet celui qui peut nous conduire d’un lieu, d’une rive,... à l’autre. Celui-ci est l’homme des bois qui connaît les secrètes sentes de traverse (Holtzege), les bornes frontières oubliées, au-delà desquelles nous seront conduits ailleurs. Loin des autoroutes de l’information et des lourdes fictions médiatiques d’aujourd’hui, François Klein nous convie à quelques mystérieuses parties de campagne sans artifice inutile ou trop artificiel. Ses objets sont des « artefacts naturels », de l’arte povera écologique, ou du minimalisme archaïque... Son talent tient précisément à cette capacité d’aller au plus simple, d’œuvrer dans l’élémentaire, le presque rien, et d’en tirer les effets les plus spectaculaires. Faisant « feu de tout bois », il privilégie les ressources de son environnement immédiat, les réserves de sa forêt, les matériaux d’usage courant, les objets de rencontre, les choses délaissées. De ce peu des choses et ces choses de peu, il refait tout un monde, son monde... Ce monde est fait de rapports de liens, de rapprochements inattendus, et en ce sens, ces pièces retiennent déjà notre attention par l’inventivité et la virtuosité de leurs assemblages : nœuds, chevilles, tenons mortaises... De ce savoir-faire, il ressort l’ordonnance de ces différentes compositions qui séduisent le regard et dont la pertinence plastique ne cède en rien à la pertinence technologique. Mais plus encore, ces appariements tirent leur efficacité de la justesse ou de l’évidence implicite de leurs rapports. Il nous semble alors que ces œuvres « tiennent », et « fonctionnent » par l’intuition que nous avons de leur « pouvoir ». De ce fait, il n’est peut-être pas un sculpteur au sens classique du terme, et il faudrait lui inventer un autre titre plus en accord avec la saveur bucolique des mystères qu’il engendre... Quelque chose entre artiste et artisan, sorcier et sourcier. Quelque chose comme « facteur de fétiches » peut-être... ». Michel Demange